Comment sélectionne-t-on les innovations ?

Publié le 17 septembre 2025

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Rassurez-vous immédiatement : non, le milliard d’euros levé ne sera jamais octroyé aux différentes entreprises sur un simple coup de cœur des cofondateurs de Team for the Planet. Ce serait manquer terriblement d’humilité et de méthode. Notre approche étant de toujours s’appuyer sur l’intelligence collective, la science et les méthodes agiles, nous avons conçu une méthode de sélection rigoureuse pour détecter les meilleurs. Meilleurs scientifiques évidemment, meilleures innovations bien sûr, meilleur potentiel pour la réduction des GES et meilleur potentiel économique. Ce n’est qu’avec ce niveau d’exigence que nous pourrons affronter le plus grand défi de l’Humanité. 

I. Où trouver ces fameuses innovations ? 

Commençons par le commencement. Avant de sélectionner et de financer les innovations, il faut déjà en détecter un maximum, afin que les meilleures puissent devenir candidates à notre financement. 

Il existe à tout instant des milliers d’innovations dans le monde entier, capables de changer notre futur. Eplucher les revues scientifiques ou les blogs d’innovations ne suffira pas à toutes les détecter. Nous devons donc être au plus près des inventeurs et des scientifiques.

Pour cela, nous nous rapprochons des réseaux de scientifiques, des laboratoires, des chercheurs etc. Nous suivons également toute l’actualité scientifique internationale (colloques, conférences, publications…).

Mais le plus efficace, c’est tout simplement d’avoir du lien humain. Connaissez-vous la théorie des 6 degrés de séparation ? Nous sommes tous à 6 relations de distance de n’importe quelle autre personne dans le monde.

Notre communauté d’associés et leurs réseaux sont nos plus grandes forces pour identifier les solutions à nos 20 problématiques. Cet aspect participatif est essentiel dans notre processus de détection, d’où l’importance d’avoir des associés en grand nombre et de devenir un mouvement citoyen international d’une ampleur inédite.

Concrètement, comment cela se passe-t-il ? Tout le monde peut proposer une innovation directement sur notre site en quelques minutes. Nous prenons alors contact avec l’inventeur pour plus de détails sur sa solution : son stade d’avancement, le modèle économique envisagé… bref toutes les informations nécessaires pour obtenir une “fiche innovation” complète. Cette fiche est importante, car elle sert de support à la présélection. 

Nous avons donc une stratégie de détection participative, qui deviendra de plus en plus puissante au fur et à mesure que le mouvement Team for the Planet grossira. 

II. Quels types d’innovations cherchons-nous ? 

Deux visions du monde s’opposent souvent dans le débat sur les innovations du futur :  high tech versus low tech

D’un côté, il y a les tenants d’une approche toujours plus technologique : la science pourrait à elle seule permettre une poursuite de la civilisation humaine avec le modèle de développement actuel. Plus de science, toujours plus de science : transhumanisme, objets tous connectés entre eux… 

À l’opposé, il y a celles et ceux qui défendent une dé-technologisation consistant à utiliser des techniques n’impliquant pas ou très peu de consommation d’énergie (le low tech), et dont le coût de développement est très faible, car elles sont basées uniquement sur des techniques déjà maîtrisées.

Team for the Planet n’est pas dogmatique et mise sur un mélange de high tech et de low tech en fonction des enjeux. Voire de no tech si l’occasion se présente !

Nous pouvons tout à fait concevoir la coexistence de milliers de vélos dans les rues de Paris avec des taxis autonomes électriques, conçus en bambous et avec des batteries organiques. Rien ne s’y oppose économiquement ou intellectuellement. La technologie n’est pas responsable des dégâts environnementaux, elle n’est que le résultat de choix qui ont été opérés dans un monde où les limites écologiques n’étaient pas conscientisées.

Les 20 problématiques identifiées par Team for the Planet peuvent être adressées indifféremment par des innovations nécessitant de la high tech, du low tech, voire par de simples innovations de business model (ou no tech).

III. Quels sont les critères lors de la sélection de ces innovations ?

Sélectionner les meilleures innovations pour lutter contre le dérèglement climatique n'est pas une tâche simple et les avis divergent sur les solutions à mettre en œuvre. Un peu d'objectivité est nécessaire ; aussi nous avons listé les points clé à étudier attentivement pour connaître l'impact potentiel d'une innovation.

Ainsi, 6 critères sur lesquels nous évaluons chacune des innovations ont été définis.

Ce référentiel commun permet d'obtenir une analyse objective du potentiel de chaque innovation et de comparer ensemble des solutions différentes et variées, quel que soit leur domaine d'application ou niveau d'avancement.

Nos 6 critères d'évaluation :

  1. L'impact sur les gaz à effet de serre : l'innovation a-t-elle le potentiel de réduire ou de capter de façon significative les GES ?

    Pour y répondre, nous nous intéressons à la taille du problème adressé (quel pourcentage des émissions mondiales), au potentiel de réduction (en prenant en compte l'ensemble du cycle de vie de la solution) ou encore au risque d'effet rebond (que remplace-t-on ?).

  2. La faisabilité technique : il existe des milliers de bonnes idées et des centaines d'avancées scientifiques majeures dans les laboratoires mais ces solutions sont-elles techniquement réalisables en conditions réelles ?
    Les principes scientifiques mis en œuvre sont ici vérifiés. Nous étudions également la capacité de passage à l'échelle industrielle de la solution ainsi que son niveau de maîtrise technique (dépendance ou non de solutions extérieures, par exemple).

  3. La réplicabilité de la solution : pour avoir un impact réellement mondial, il faut aller vite et donc savoir si l'innovation peut aisément et rapidement être déployée dans le monde entier.
    Nous nous intéressons à la facilité technique de multiplication de l'innovation mais aussi à son acceptation sociale à l'échelle mondiale ou encore aux contraintes juridiques associées.
  4. Les externalités induites : la réponse au problème du dérèglement climatique peut et doit être réalisée en prenant en compte tous les "autres" impacts induits.
    Les risques potentiels en matière de biodiversité, d'exploitation et d’utilisation de ressources critiques ainsi que d’inégalités sociales sont pris en considération pour chaque innovation étudiée.
  5. Le caractère disruptif : pour atteindre une réduction massive et rapide des GES, un changement de paradigme est indispensable. L'innovation va-t-elle dans ce sens et apporte-t-elle une vision nouvelle ? Le potentiel de réellement changer les choses.
    Le caractère novateur de la solution est étudié, d'un point de vue technique évidemment, mais aussi en matière d'offre et de proposition de valeur.
  6. Le potentiel marché : une innovation ne peut se déployer que si elle rencontre son marché, nous évaluons donc son potentiel économique.
    L'offre et le business model ne sont pas toujours formalisés mais nous regardons la taille du marché visé, son niveau de maturité (en croissance, constant ou à la baisse), ainsi que la capacité de pénétration du marché par l'innovation (les autres acteurs économiques en place, les canaux de distribution envisagés, etc.).  

IV. Les étapes de sélection des innovations

Maintenant que le cadre d’analyse est clair, encore faut-il réaliser une évaluation aussi objective que possible. Voici les différentes étapes qui répondent à cet enjeu.

1ère étape : Présélection par l’intelligence collective

Afin d’établir une première notation des innovations détectées, nous rassemblons un vivier d’évaluateurs, répartis dans le monde entier. Composé d’experts scientifiques, de professionnels des secteurs en question ou encore d’utilisateurs potentiels, la diversité de ce panel d’évaluateurs offre la garantie d’une notation pertinente. Cette présélection collective limite les biais individuels au maximum (pays, expertise, entourage, sexe…). 

Ce vivier note chacun des trois critères présentés ci-dessus. Ainsi, toutes les solutions sont d’abord étudiées sur la base d’un référentiel commun pour qu’elles aient toutes leurs chances. 

Présélection faite, nous pouvons décortiquer plus en détail chaque innovation ! Il faut alors valider la pertinence technique, le potentiel commercial et l’adéquation au modèle de Team for the Planet pour chaque solution, avant d’envisager la création d’une entreprise filiale pour porter le projet. C’est crucial. Pour cela, nous ne mettons donc en place pas une, ni deux, mais trois étapes de validation ! 

2ème étape : Validation par le Comité scientifique pour garantir l’impact climatique réel des innovations

Chez Team for the Planet, chaque euro investi doit permettre de réduire concrètement les émissions de gaz à effet de serre. C’est la mission du Comité scientifique, qui évalue rigoureusement chaque projet selon son impact climatique réel, mesurable et durable.

Son rôle : s’assurer que la solution contribue effectivement à la décarbonation de l’économie mondiale, sans générer d’effets secondaires néfastes. Pour cela, il s’appuie sur 6 grands critères d’évaluation.

📊 Les 6 critères d’évaluation

  1. Impact sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) : C’est le critère central : mesurer la contribution réelle du projet à la réduction des émissions. Le comité analyse le potentiel de réduction à l’échelle mondiale, la part du problème climatique ciblée, ainsi que le bénéfice net, en tenant compte de ce que la solution remplace pour éviter tout effet rebond.
  2. Faisabilité technique : Une innovation doit être crédible et réalisable dans la pratique. Sont vérifiés : la solidité scientifique et technique de la solution, sa capacité à être industrialisée, et son autonomie opérationnelle (dépendances à des technologies, fournisseurs ou ressources critiques).
  3. Externalités environnementales et sociales : Un projet utile pour le climat ne doit pas déplacer le problème ailleurs. Le comité évalue les impacts sur la biodiversité, la consommation de ressources (eau, matériaux, métaux rares), ainsi que les conséquences sur la santé et les équilibres sociaux.
  4. Réplicabilité à l’échelle mondiale : Pour avoir un véritable impact, la solution doit pouvoir être déployée largement. Le comité examine la facilité technique de diffusion, la liberté d’exploitation (brevets, licences, open source), et l’acceptabilité culturelle et réglementaire dans différents pays. 
  5. Potentiel d’adoption par le marché : Une innovation, aussi efficace soit-elle, n’a d’impact que si elle est utilisée. Sont analysés la taille et la dynamique du marché, son niveau de maturité, ainsi que les conditions d’accès pour atteindre les utilisateurs finaux (prix, réglementation, canaux de distribution).
  6. Caractère innovant et différenciant : Enfin, le comité s’assure que le projet apporte une rupture significative par rapport à l’existant : meilleure performance environnementale, différenciation concurrentielle claire et proposition de valeur unique.

Qui compose ce comité ?

Le Comité scientifique rassemble 14 experts de haut niveau, aux parcours académiques et professionnels complémentaires. Leur diversité permet de croiser recherche, industrie et innovation pour offrir une évaluation exigeante et complète des projets.

Parmi les compétences représentées figurent :

Chaque membre s’engage pour 1, 2 ou 3 ans, garantissant à la fois :

Les membres ne sont pas rémunérés et doivent respecter des règles strictes d’absence de conflit d’intérêt. En cas de doute, ils peuvent participer aux discussions mais sont exclus du vote sur les projets concernés.

🧭 Un fonctionnement collectif et rigoureux

Le Comité scientifique se réunit une fois par trimestre pour évaluer les projets. Les porteurs de solutions y sont conviés, non pas pour un simple “pitch”, mais pour un échange approfondi avec les experts, afin de juger la pertinence de la solution sur le fond plutôt que sur la forme.

Chaque critère est ensuite noté sur 5 à l’unanimité : tous les membres doivent parvenir à un accord commun. Cette méthode garantit une évaluation collective, concertée et exigeante, fondée sur le consensus plutôt que sur la majorité.

Lorsque nécessaire, le comité peut également solliciter des experts extérieurs spécialisés afin d’apporter un éclairage complémentaire sur des aspects techniques très spécifiques.

L’objectif final ?

Garantir que les innovations soutenues par Team for the Planet ont un impact climatique concret, un bénéfice net pour l’environnement, une robustesse technique, et qu’elles sont adaptées à un déploiement mondial rapide.


3ème étape : Validation par le Comité de marché pour garantir la viabilité et la solidité des projets à impact

Chez Team for the Planet, une innovation doit non seulement avoir un impact climatique fort, mais aussi être portée par une stratégie robuste, une équipe crédible et un modèle économique viable. C’est précisément le rôle du Comité de marché : évaluer si un projet peut passer de la promesse à la réalité, et se déployer durablement à grande échelle.

Sa mission

Le Comité de marché a pour rôle d’apporter un avis éclairé sur les forces et les risques des investissements envisagés.

Il s’agit de la troisième étape d’un processus collectif en quatre phases. L’avis rendu est consultatif : la décision finale appartient à l’Assemblée Générale, garantissant la nature démocratique et transparente du processus.

Chaque dossier est évalué indépendamment : il ne s’agit pas de mettre les projets en compétition, mais de juger chacun sur sa valeur propre.

🧭 Son fonctionnement

Préparation en amont : chaque membre reçoit les dossiers complets, les analyse et se prépare avant la séance afin de contribuer activement à la discussion.

Échange avec les porteurs de projet : lors des réunions, les fondateurs sont invités à répondre directement aux questions du comité. L’objectif est d’éclaircir les points stratégiques, financiers ou organisationnels, sans se limiter à un “pitch”, mais dans un échange précis et constructif.

Évaluation collective : l’intelligence collective est au cœur du comité. Les notes ne sont pas attribuées à la majorité mais à l’issue d’une appréciation commune qui reflète le consensus des membres.

Une grille structurée : chaque projet est évalué sur la base de 6 critères principaux, eux-mêmes déclinés en sous-critères.

👥 Qui compose ce comité ?

Le Comité de marché réunit 10 experts complémentaires, issus de la finance, de l’investissement à impact, de la direction générale, du développement commercial et des ressources humaines.

Parmi eux :

Cette diversité de parcours permet de croiser analyse financière, stratégique, organisationnelle et opérationnelle, pour aboutir à une vision globale et exigeante.

📊 Les 6 critères d’évaluation

  1. Une stratégie solide : Le comité regarde si l’entreprise a une vision claire de son développement, si elle a bien identifié les risques potentiels, et si elle a prévu les moyens pour s’ouvrir à l’international. Bref, si le projet est prêt à grandir, sans se brûler les ailes.
  2. Un modèle économique crédible : Une bonne idée ne suffit pas : il faut qu’elle puisse générer des revenus, être rentable et facilement déployable sans faire exploser les coûts. Le comité analyse donc la manière dont l’entreprise gagne de l’argent, ses marges, et sa capacité à passer à l’échelle.
  3. Des projections réalistes : Les prévisions financières sont-elles sérieuses ? L’entreprise sait-elle gérer sa trésorerie ? A-t-elle bien anticipé ses besoins futurs en financement ? Ces éléments permettent d’évaluer si la gestion est à la hauteur du défi. 
  4. Une équipe capable : Un bon projet repose d’abord sur une bonne équipe. Le comité examine donc l’expérience des fondateurs, la complémentarité des compétences (technique, commercial, gestion…) et surtout la confiance qu’ils inspirent : transparence, engagement, fiabilité. 
  5. Un marché avec du potentiel : Pour avoir un vrai impact, il faut que le produit ou service trouve ses clients. Le comité s’assure que le marché visé est suffisamment grand, accessible, et que la solution se démarque clairement de la concurrence. 
  6. Un deal équilibré : Enfin, Team for the Planet n’investit pas à n’importe quelle condition. Le comité étudie la valorisation de la société, les droits de gouvernance, la répartition du capital… pour s’assurer que les conditions sont justes, saines et alignées avec l’intérêt général.

✅ L’objectif final

Garantir que les projets financés par Team for the Planet ne sont pas seulement bons pour le climat, mais également solides sur le plan économique, portés par des équipes crédibles et capables de convaincre leurs marchés.

En combinant préparation approfondie, échange direct avec les innovateurs et évaluation collective, le Comité de marché contribue à sécuriser des investissements à la fois durables, justes et porteurs d’impact global.


4ème étape : Validation par les actionnaires en AG

Une fois l’innovation validée scientifiquement et économiquement, reste l’ultime étape : une présentation à l’ensemble des associés de Team for the Planet. 

Après une vérification par les cofondateurs de l’adéquation entre les valeurs de l’innovateur et celles de Team for the Planet, nous nous assurons également de l’absence de conflit d’intérêt. Ainsi, nous garantissons aux associés une première validation éthique.

Ensuite, nous préparons un dossier d’investissement. Il présente la solution, les différentes analyses (technique, marché, équipe…) et le détail de l’investissement proposé dans la filiale (date, taille du ticket…). Ce dossier est dans un premier temps soumis au Conseil de Surveillance de Team for the Planet afin qu’il émette un avis. Le dossier et l’avis sont ensuite envoyés à l’ensemble des associés. 

Pour finir, une Assemblée Générale est convoquée avec l’ensemble des associés de Team for the Planet. Une résolution d’investissement dans la filiale est présentée et mise au vote au cours de l’Assemblée Générale. 

Si elle est acceptée, la filiale qui va développer la solution peut être créée. 

A l’inverse, si elle est rejetée, le dossier peut être retravaillé en prenant en compte les critiques, pour être amélioré avant d’être présenté à nouveau devant l’Assemblée Générale. Il peut également être complètement abandonné si le rejet a été important. 

Petit résumé en image :

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